Je rêve de pouvoir venir samedi 25 septembre pour soutenir la librairie Neverland et peut-être cela va-t-il pouvoir se faire... Maintenant que j'ai pris un peu le temps de me renseigner sur l'endroit, je voudrais faire un billet pour les lecteurs de ce blog (oui, vous jeunes auteurs qui rêvez d'accéder à la publication).
Avant-hier, j'ai juste relayé un message sur divers supports, puis j'ai attendu de voir les réactions. Voilà maintenant ce que je peux vous dire sur cette librairie après avoir demandé aux représentants du monde du livre s'ils la connaissaient :
Témoignage de Natalhie Dau (auteur Griffe d'Encre, éditrice d'Argemmios)
Oui, on connaît bien. On y a fait des dédicaces Griffe d'Encre. La librairie est partenaire de la manifestation Books and the city. Et la libraire est très gentille et vraiment passionnée par les livres. Elle est aussi en partenariat avec les écoles... et on sait que dès qu'on travaille avec le service public, on est dans la galère, car il n'y a pas plus mauvais payeur que l'Etat.
Sa librairie est une petite bonbonnière très conviviale où elle offre le thé (des tas de thés variés et dont les noms sont dédiés à des écoles littéraires, comme par exemple le thé des écrivains russes ou le thé des philosophes chinois).
J'y ai acheté souvent des livres et des figurines de fées quand j'habitais dans le 95.
Neverland est à Achères, et faut vraiment qu'elle tienne le coup.
Ajoutez à cela le soutien de la librairie Scylla, soutien dont il a été fait témoignage sur le Bélial (cité dans mon billet précédent) et le fait que Magali Duez (éditrice des Éditions Griffe d'Encre), Karim Berrouka (directeur de collection aux mêmes éditions et auteur de plusieurs perles littéraires), Jeanne A Debats (auteur chez Griffe d'Encre d'une novella très primée, d'un recueil récent et de plusieurs romans ailleurs, notamment chez l'Atalante), Nathalie Dau (auteur primé également pour son recueil de nouvelles chez Griffe d'Encre) ainsi que Mélanie Fazi et Jacques Mucchielli (comme annoncés sur le billet précédent) vont se déplacer pour soutenir la librairie et vous réaliserez que le monde de la petite et moyenne édition semble accorder à ce combat une certaine importance.
Pourquoi ?
D'abord parce qu'une faillite est un drame pour quelqu'un qui s'est investi dans sa boîte, et qu'en l'occurrence, elle est parfaitement injustifiée. Une boîte non-viable finira par étouffer. Mais Neverland est viable. Son problème n'est qu'un décalage de trésorerie, ce qui signifie qu'elle doit toucher de l'argent de l'État (plus prompt à réclamer ce qu'on lui doit qu'à donner ce qu'il promet) et que pendant ce temps, la banque l'assomme d'AGIO. Il est très difficile pour une petite boutique de se lancer, dans le monde du livre encore plus, dans celui de l'Imaginaire, n'en parlons pas ! Avec un peu de temps, Neverland peut devenir un endroit de référence, mais il ne faut pas qu'elle soit tuée dans l'oeuf.
Pourquoi ? (Oui, je me répète, je sais)
Certains d'entre vous connaissent peut-être les lois du marché du livre, d'autres pas. Si vous voulez vous aventurer plus loin dans le périple éditorial, il est bon que vous en appreniez plus. Le nerf de la guerre dans ce monde n'est autre que la place sur les étagères des libraires. Quand on n'est pas dans le circuit, il est difficile d'imaginer le combat perpétuel que livrent les petites et moyennes boîtes pour gratter quelques emplacements entre deux best-sellers annoncés. Et ça, pour des jeunes auteurs, c'est vital ! Ce sont la plupart du temps les petites boîtes qui ont donné leur chance aux jeunes auteurs et leur ont permis, en accédant au public de vivre parfois leur rêve. Or, les "marchands de livres" ont tout intérêt à mettre en avant les grosses pointures, pour faciliter la gestion des stocks, rentabiliser la place. Pour plus de détails, lire l'article sur Chapitre.com. Heureusement, il existe encore des libraires engagés qui tentent de partager leur passion pour le livre et de faire connaître ce qui les a séduit. Ces libraires qui font du monde du livre un monde plein de magie et pas seulement une usine à fric.
Mais de l'argent il en faut tout de même pour tenir, aussi bien pour ces boutiques que pour les éditeurs à qui elles offrent de la visibilité. Alors si vous rêvez un jour d'écrire un livre où vous livrerez votre âme et pas seulement une daube commerciale issue de vos pérégrinations télévisuelle (dans les piscines ou pas), essayez de redonner un peu de souffle à cette magie.
Quand on est un jeune auteur, on se désole (égoïstement) chaque fois qu'une petite maison d'édition disparaît, alors que, peut-être, elle aurait pu publier notre prose. On envoie son manuscrit à un gros éditeur (allez, appelons-le AM au hasard) pour plus de sûreté et on reçoit son refus dans les dix jours. Pour peu qu'on ait pris la peine de demander le retour dudit manuscrit, on se rend compte que les premières pages sont encore collées, jamais tournées. Pourquoi ? Parce que vous avez eu la naïveté de noter Imaginaire dans votre synopsis, ou poésie ou n'importe quel autre critère de non-sélection immédiat. Ou bien vous n'avez pas le bon âge, vous n'êtes pas assez people, pas assez "bankable"... Et qui peut vous laisser une chance d'atteindre un public, certes plus restreint, mais qui a besoin d'autre chose que de fast-food littéraire ? Le petit ou le moyen éditeur. Et qui est le tout premier maillon de la chaîne entre un auteur et son lecteur ? Le libraire. Celui qui fonctionne au coup de coeur, qui aime son métier, celui qui vous défendra et défendra la ligne particulière des petits éditeurs. Ne comptez pas sur les grandes enseignes pour ça, elles sont là pour le business.
Pour préserver cette chaîne, il faut défendre chaque maillon et pour ça, il faut parfois s'impliquer.
Si vous ne pouvez pas être là (on a tous une vie aussi, je le conçois fort bien), faites passer le mot, parlez-en, expliquez tout ce qui se cache derrière ces enjeux.
Et si cet article ne suffit pas à vous motiver, sachez que l'hôtesse de ces pages virtuelles devrait traverser* la moitié de la France pour être là ce jour-là et qu'elle serait comblée de rencontrer ses fidèles blogueurs :)
*Reste un conditionnel, j'attends une réponse pour confirmer définitivement
Infos pratiques :
Pour rejoindre Neverland sans voiture, prendre le RER A et descendre à Achères Ville.
Puis prendre le bus 5-St Germain - Poissy - Achères - Conflans gareDe Gare D'Acheres
En direction de Gare De St Germain En Laye Rer A
Jusqu'à Lefebvre (6mn estimation Mappy)
Puis coninuer à pieds (5mn estimation Mappy) sur Avenue Conflans, puis tout droit sur Avenue de Stalingrad.
Autre itinéraire pris sur ratp.fr
Ils indiquent qu'il faut prendre le bus 24 Veolia transports Conflans, de Gare d'Achères (gare SNCF, à côté de la gare RER - ça a l'air d'être juste l'autre côté des rails) à Foyer de Jeune (arrêt sur l'avenue de Stalingrad, juste à côté de la libraire)
(Merci à Sand pour cette info)
Adresse :
37 avenue de Stalingrad, 78260 Acheres,
(Si quelqu'un a un autre itinéraire, je ferai circuler)
*edit*
Hélène Ramdani, ex-éditrice du Navire en Pleine Ville et aujourd'hui directrice de la collection Icares chez Mnemos (collection dans laquelle est sorti Le Roi d'Ébène dont j'ai fait la critique en ces mêmes pages), devrait être là aussi. Source.
*edit 2*
Un lien vers le blog de la librairie Neverland. En plus des arguments cités précédemment, j'ai été très touchée par ce témoignage.