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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:26

En lisant hier les différents billets sur l'affaire de cette blogueuse dont l'avis était devenu une affaire d'état littéraire, j'ai eu envie de réagir à un nombre de choses incalculable. Pour éviter de passer la journée entière à vous faire un billet confus dans lequel je caserai un peu tout et n'importe quoi (ce qui est très risqué sur le net vu la tendance à déformer les propos des autres), je vais essayer de prendre le choses une par une et avec un seul billet par jour sur le sujet, ce qui m'obligera à un minimum de recul (ça y est, la phrase est finie, vous pouvez respirer).

Et pour commencer, je vais un peu me faire l'avocat du diable mais une chose m'a interpelée hier dans les réactions aux insultes de l'auteur. Qu'on trouve que sa réaction est une erreur, qu'elle est discourtoise, vaniteuse... ou n'importe quel adjectif du genre, je suis toute prête à le concevoir. Mais qu'on parle de Droits de l'Homme et de liberté d'expression me met toujours un peu mal à l'aise.

Si cet auteur avait intenté un procès à la blogeuse pour l'obliger à retirer son billet, s'il avait mêlé la Justice ou la Police à cette affaire, on aurait pu parler d'atteinte aux Droits de l'Homme et à la liberté d'expression. En l'occurrence, il use de sa propre liberté d'expression et il insulte, ce qui est une preuve manifeste d'impolitesse, mais certainement pas une atteinte aux Droits de l'Homme.

Le seul préjudice subi par tous les intervenants est d'ordre émotionnel voire commercial. Et c'est nous, le public, qui en sommes les "juges".

Voici le sentiment qui a été le mien au fil de cette affaire (et je pense qu'il est assez représentatif de la majorité des internautes.)

Dans son premier billet, Cynthia a usé de sa liberté d'expression pour critiquer ce livre en des mots qui exprimaient clairement qu'il s'agissait d'un avis et non d'une critique. Elle n'a pas attaqué l'auteur à titre personnel, a cité des extraits du livre qui nous permettent de nous en faire une idée et a d'emblée posé le fait que ce n'était pas son genre de prédilection. Ceux qui l'ont lue se sont fait leur propre idée de la chose et achèteront ou non ce livre en fonction de leurs goûts personnels et d'autres avis qu'ils pourront lire ailleurs. Nous sommes là dans l'anecdotique.

L'auteur, piqué au vif a usé à son tour de son droit d'expression pour faire ce que la loi n'interdit pas, c'est-à-dire insulter une personne pour des opinions exprimées décemment (ou peut-être existe-t-il une loi sur l'agression verbale, mais je le déplorerais pour ma part, trouvant que ce serait un pas de plus dans la législation abusive du politiquement correct).

Cynthia en a très certainement été blessée, ce qui est parfaitement légitime et donc, elle a usé de sa liberté d'expression pour faire ce deuxième billet où elle nous dévoilait cette correspondance. Certains pourront trouver inadapté de révéler ainsi des messages privés. En l'occurrence, je comprends très bien sa réaction mais là n'est pas la question. Le fait important est qu'elle en avait le droit tout simplement. À partir du moment où ce monsieur lui a écrit ainsi, il s'expose à ce que ce soit su. Du temps où Internet n'existait pas, elle s'en serait livrée à ses amis. Avec le blog, la chose prend des proportions différentes. Mais ça ne change rien au droit de chacun de s'exprimer.

C'est alors que l'éditeur, sollicité par les soutiens de la blogueuse, sort de sa réserve et lui écrit un courrier privé, à nouveau en usant de sa liberté d'expression et que Cynthia toujours libre de s'exprimer, nous le livre et y répond sur ce billet.

On parle (certains commentaires notamment) de menaces de l'éditeur. Je n'en ai pas vues pour ma part. J'ai vu de la culpabilisation, ce qui n'est guère glorieux. Quand un lecteur lit un livre, il n 'a pas à se soucier du fait que l'auteur ait fait de son mieux ou pris des risques. Et là, je le dis en tant qu'auteur. Je n'apprécie les éloges que venant des gens dont je sais que, par ailleurs, ils sont capables de critiquer ce qu'ils n'aiment pas. Les compliments des autres ne me touchent pas parce que je ne les sens pas honnêtes. Je n'irai donc jamais demander à un lecteur de prendre ma sensibilité en compte quand il rédige une critique. Si je suis trop sensible pour le supporter, il ne fallait pas me faire publier, c'est tout. Cela dit, même si je ne le dirai jamais, j'aurais le droit de le dire, toute la nuance est là. La Constitution et les Droits de l'Homme me donnent le droit de dire des conneries (tant que j'incite pas à la pédophilie, aux haines raciales, etc...). J'ai le droit de faire un billet de deux pages pour chouiner et expliquer que la vie est trop injuste. J'ai le droit de me complaire dans le ridicule qui ne tue pas et n'est pas non plus puni par la loi. Tout ce que je risque (et c'est à mon avis ce qui arrive à cet auteur et à l'éditeur) c'est de m'attirer une grande antipathie générale. Et c'est très bien ainsi.

Je trouve cette réaction indignée de la blogosphère très saine. Mais je trouve aussi très bien que tout le monde puisse s'exprimer dans cette affaire et que chacun s'en fasse son idée s'il le souhaite (les autres ne sont pas obligés de lire les billets concernés).


Maintenant la question est : pourquoi est-ce que je tenais à signaler ce point et même à commencer par là ? Il y a bien d'autres sujets plus importants à traiter dans cette affaire sur lesquels je ferai des billets. Peut-on confondre avis de blogueur et critique littéraire (et par extension considérer qu'un article de blog se rapproche d'un article de presse) ? Un sujet passionnant sur lequel je pourrais faire dix billets au moins. Un billet sur le blog : espace privé livré au public (ce sujet m'intéresse au moins autant). Un autre sur les recettes de Mamie Isa sur comment bien gérer la critique et éviter un préjudiciable pétage de cable... Bien des sujets passionnants et pourtant, j'ai commencé par celui-là.

Je vous avoue que je suis souvent gênée par notre propension à user de mots disproportionnés dans certaines situations. Qu'on compare les grèves à des prises d'otage me heurte toujours un peu. Je pense que pour les gens qui ont passé quelques heures sous la menace d'une arme, le sentiment était quelque peu différent. Je ne minimise pas les problèmes qui peuvent être engendrés, par les grèves de train notamment. J'en ai subi les désagéments et j'imagine les conséquences parfois très pénibles que cela peut avoir. Pour autant, je préfère être bloquée des heures dans une gare, que dans une banque avec des gens armés. À ma connaissance, rares sont les gens à avoir eu besoin d'un suivi psychiatrique pour se remettre d'un mouvement social à la SNCF. La chose peut prendre parfois des proportions graves au niveau économique (notamment pour des très petites entreprises), comme c'est le cas pour les grèves de bateaux en Corse qui privent les TPE de matériel indispensable à leur survie. La situation peut être grave, mais ce n'est pas une prise d'otage. Ou sinon, comment pourra-t-on appeler la situation quand un employé désespéré met une arme sur la tête de son patron en demandant à ce qu'on lui épargne le licenciement ? Ça, ce n'est pas légal. Ça, c'est une prise d'otage.

De la même façon, il y a des gens qui sont tués dans certains pays pour avoir exprimé des idées différentes du pouvoir. Sans aller chercher aussi loin, il peut arriver dans notre pays que des gens subissent des gardes à vue prolongées, avec fouille au corps, pression, etc... pour s'être mis à dos une personne qu'il ne fallait pas. Là, il y a atteinte aux libertés.

Dans le cas présent, nous avons affaire à deux libertés qui s'affrontent et la conclusion du débat est assez évidente. Nul besoin pour donner raison à Cynthia d'invoquer les Droits de l'Homme, la situation parle d'elle-même, une fois qu'on a lu les interventions de chacun.

Si j'y suis à ce point sensible, c'est parce que j'aime les mots et j'aime quand ils gardent leur force. Les médias nous ont donné l'habitude, à mon avis déplorable, de les tirer de leur contexte pour dramatiser des choses qui n'étaient pas dramatiques et par voie de conséquence, minimiser ce qui l'est vraiment.

Cela n'enlève rien au soutien que j'apporte à Cynthia pour les agressions très déplaisantes qu'elle a subies et que je salue son sens de la répartie. Mais tant que je n'aurais pas eu vent de la moindre action en justice entamée contre elle, je ne parlerai pas d'atteinte aux Droits de l'Homme.

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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 10:34

Le monde est bien fait, je vous le dis !

Au moment même où je me demande comment faire un billet sans prendre un de ces nombreux thèmes que j'ai laissés en suspens mais qui me demanderaient bien plus de temps que je n'en ai actuellement, je trouve sur un forum un lien vers un billet saisissant (et si vous avez lu cette phrase jusqu'au bout sans prendre votre respiration, vous pouvez vous inscrire à un concours d'apnée).

En général, je ne suis pas adepte de mettre à jour des correspondances privées, mais je trouve cet exemple intéressant. 

Je me suis souvent demandé en tant qu'auteur comment je réagirais à la critique. Étant présente sur plusieurs forums, je serai sans doute prise de l'envie de remercier ceux qui apprécieront mon livre et le feront savoir, mais dans ce cas comment répondre aux autres ? Il me paraît normal de les remercier d'avoir donné leur avis fusse-t-il négatif, mais le risque est grand d'être tentée de me justifier. "Vous avez trouvé le comportement d'untel incohérent, mais si vous prenez en compte qu'il a vécu ceci et cela et que l'être humain par nature n'est pas cohérent..." "Vous avez trouvé le registre de ce texte trop familier ? Mais prenez donc en compte que la narration est à la première personne et que le héros est issu d'un milieu qui..." J'ai déjà vécu cela avec des textes parus et pourtant, je trouve en tant qu'auteur que je n'ai pas à répondre aux critiques. Si je n'ai pas réussi par mon texte à faire passer mon message à tel lecteur, c'est que j'ai échoué, ce que je dirai à côté ne sera qu'une façon de tricher. Sauf si c'est le lecteur lui-même qui pose des questions et sollicite des éclaircissements. Auquel cas je peux considérer que j'ai attisé sa curiosité et qu'il cherche à voir l'envers du décor.

Dans tous les cas, il faut se faire à l'idée qu'à moins d'écrire du consensuel, on ne peut pas atteindre tous les lecteurs. C'est une bonne chose car cela prouve que notre livre a du caractère. Se justifier face à une critique ne me paraît donc pas un comportement adéquat. Mais alors insulter le lecteur...

Car c'est de cela qu'il s'agit en l'occurrence. D'une lectrice qui donne son avis sur un livre sans insulte personnelle à l'égard de l'auteur et dont le billet se résume pour moi à cette phrase finale : "Ce roman n'est pas foncièrement mauvais mais il n'était absolument pas pour moi" ; et d'un auteur qui lui répond par l'injure.

Vous pouvez trouver ce triste épisode ici.

Je le juge d'autant plus déplorable qu'ayant lu la critique de la blogueuse, je suis loin de trouver les extraits qu'elle cite aussi mauvais qu'elle. Preuve donc qu'il ne s'agit que d'une question de goût. Par contre, la réaction de l'auteur ne me donne aucune envie de lire ce roman. Tout d'abord parce qu'il y a bien assez de livres que j'aimerais lire pour ne pas gonfler un peu plus un ego qui me paraît déjà sur le point d'exploser et ensuite parce que l'ouverture à la critique me paraît une vertu indispensable de l'auteur. Si la critique avait été injurieuse, je ne dis pas. Si la réponse avait été argumentée, pourquoi pas ?

Il n'en est rien.

Si j'ai pris la peine de vous livrer ce billet aujourd'hui, ce n'est pas pour tomber à bras raccourcis sur cet auteur (qui se fait bien assez de mal tout seul) mais pour dire deux choses qui me paraissent essentielles dans ce milieu. Tout d'abord, n'hésitez jamais à dire ce que vous pensez sincèrement d'un livre. Si l'auteur le prend bien, tant mieux pour lui. S'il le prend mal, c'est son problème, pas le vôtre.

Et ensuite (surtout), si vous écrivez, prenez de la distance à l'égard de la critique. Si vous ne les supportez pas, ne les lisez pas. Il n'y a rien de pire (pour lui-même) qu'un auteur qui se rend malade à cause d'un unique lecteur qui n'aime pas sa prose. Mes deux billets précédents sur l'Alchimiste prouvent bien qu'un livre qui a été encensé peut déplaire à certains lecteurs. C'est une question de vécu, de goûts, de tout un tas de choses qui font que nous ne sommes pas des machines. Si vous vous destinez à l'écriture, sachez que tout lecteur est en droit d'exprimer son avis et qu'il n'y a rien de pire que d'en prendre ombrage.

 

 

*edit*

J'ai mis une bonne demi-heure à trouver le billet indiqué par Don Lo en commentaire (oui, je ne suis pas douée avec l'interface blog, je vous l'avais dit). Et celui-ci est en effet très intéressant. Suffisamment pour que je lui consacre un billet à part demain. En attendant, je vous mets le lien ici (au cas où vous seriez atteint de la même incapacité bloguesque chronique que moi)

 

*edit 2*

Un autre lien sur le blog Actualitté à ce propos. Maintenant, il faut aussi que je fasse un billet sur cette histoire de partenariat blog/éditeurs...

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 10:57
Les jeunes lisent ! Si si ! Je trouve que c'est une très bonne nouvelle. Ils ne lisent pas forcément de la grande littérature, mais ils lisent. Du coup, je voulais juste partager cette petite chronique France Info avec vous.

Pas de chance pour moi, je n'écris pas pour les jeunes. Mais espérons qu'en vieillissant, ils continueront à aimer lire.
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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 09:59
Depuis quelques temps (et surtout avec l'arrivée du numérique), la question du prix du livre et de la rémunération des différents acteurs de la chaîne commerciale du livre est de plus en plus abordée.
J'ai eu une discussion animée sur ce point récemment et j'ai choqué quelques personnes en disant qu'en tant qu'auteur, je serais prête à écrire gratuitement pendant cinq ans si j'avais l'espoir de devenir un jour pro. Certains ont réagi en disant qu'on n'avait jamais vu un ouvrier accepter d'aller sur le chantier pendant 5 ans avant de recevoir peut-être un salaire (la chose restant de toute façon aléatoire). Sauf que ça n'a rien à voir. L'ouvrier engendre des bénéfices pour son patron, il est donc logique qu'il en réclame sa part. Les premiers temps, un auteur est souvent vendu à perte, ou alors les bénéfices sont minimes et il en retire donc une part qui ne lui permet pas de vivre de sa plume.
J'ai entendu ce matin un reportage sur les musiciens dans le métro et la comparaison m'a paru un peu plus légitime que celle avec un ouvrier. Certains grands noms de la chanson (Souchon, Ben Harper...) ont commencé dans le métro et je doute qu'ils y gagnaient beaucoup d'argent. Pourquoi étaient-ils là ? Parce qu'ils avaient viscéralement besoin de faire entendre leur voix et qu'ils espéraient peut-être un jour gagner assez pour se consacrer uniquement à ça. Les témoignages que j'ai entendus des musiciens de métro étaient très proches de mon ressenti en tant qu'auteur. Je continue donc à penser qu'il est difficile de comparer des métiers purement alimentaires avec ces métiers artistiques qu'on exerce par passion et qu'on peut faire sur son temps libre.

Cependant, même si je serais prête à écrire sans gagner d'argent, cela ne signifie pas que je n'apprécierais pas, comme tout le monde, d'être payée à la mesure des efforts fournis. Mais voilà, le marché du livre est ce qu'il est. Les gens n'achètent pas de livres, visiblement parce qu'ils les trouvent trop chers et pourtant le prix n'est pas assez élevé pour permettre à tous les acteurs d'être payés correctement.

J'ai donc écouté avec beaucoup d'intérêt un débat sur France Info qui parlait du prix du livre. Face à face, Serge Eyrolles, président du Syndicat National de l’Edition (SNE) (dont je vous parlais dans un précédent billet) et Emmanuel Delhomme, libraire indépendant à Paris, "Livres-Sterling" dans le 8e arrondissement de Paris. Le premier défendant la nécessité de ce prix élevé et ne le trouvant d'ailleurs pas si élevé que ça, le second disant que c'est le prix trop élevé du livre qui explique que les ventes soient en baisse.
Sans prendre de parti dans cette discussion, quelques points m'ont tout de même intéressée. Le premier étant que le libraire (celui donc qui se plaint du prix excessif du livre) est également celui qui en touche la plus grosse part (10 % pour l'auteur ; 12 à 16% pour l'éditeur ; 35% pour le libraire). Je ne veux pas dire que ce sont les libraires qui sont responsables du prix élevé du livre, mais seulement qu'étant un des postes les plus chers de la chaîne de distribution, ils sont plus aptes que quiconque, normalement, à comprendre pourquoi le prix au final est si élevé. Demander un prix plus bas revient à dire qu'il faudrait diminuer les coûts en amont, mais à quel étage ? Faut-il payer encore moins des gens qui sont déjà payés moins que lui ?
Un autre argument m'a interpelée. Je cite Emmmanuel Delhomme :
l'i-phone, le téléphone portable leur coûte beaucoup d'argent ; et les 20 euros qu'ils avaient avant pour se faire un petit plaisir, ils ne l'ont plus...
Les consommateurs sont donc prêts à payer très chers des gadgets électroniques mais pas des livres. C'est donc davantage une question de choix que de manque d'argent. Est-on sûr que si on baissait le prix du livre, ces fanas d'I-phone, de mp3 et d'écrans plats reviendraient vers lui ? Jusqu'où faudrait-il le baisser pour avoir une chance qu'ils préfèrent un livre à un "DVD à 5euros" ?
Personnellement, je suis partagée sur la question (comme toujours, c'est presque génétique, chez moi). J'ai jeté un coup d'oeil hier pour m'acheter des livres et les poches étaient entre 6 et 14 euros, ce qui m'a paru extrêmement cher à moi qui n'ait pas de téléphone portable ni d'i-phone. J'ai mis ça, une fois de plus, sur la liste de mes futurs cadeaux. Donc oui, pour moi, le livre est trop cher et j'en achéterais plus s'ils l'étaient moins. Mais est-ce le cas de la majorité des consommateurs ? Je pense qu'il ne faut pas mélanger. Il y a d'un côté les gens qui aiment lire et qui oui, sans doute, achéteraient plus de livres si ces derniers étaient moins chers. Et d'un autre, une part de plus en plus importante de la population qui trouvera toujours que le livre est trop cher, même à 4 euros pièce.

Quoi qu'il en soit, ça ne résout pas la question de départ : comment peut-on concilier le fait que tous les acteurs du monde du livre réclament plus d'argent et que le lecteur souhaite des livres moins chers ? Étant moi-même à la fois auteur et lectrice, je me suis amusée à pousser le raisonnement jusqu'à l'absurde pour savoir où irait ma préférence (je ne devrai pas, on se fait toujours taper sur les doigts quand on fait ça). Solution 1 : un monde où tous les livres seraient gratuits et où l'écrivain ferait son boulot bénévolement. Solution 2 : Un monde où le livre serait à un prix exorbitant et où l'écrivain serait payé en fonction. L'avantage du premier cas de figure c'est que l'auteur lui-même réduirait à zéro son poste de dépense livresque qui est généralement assez important. L'inconvénient (majeur !) c'est qu'il devrait aller vendre des i-phone de 9h à 17h cinq jours sur sept pour pouvoir manger, et que sa plume risquerait d'en être affectée. En bref, on pourrait lire plus et plus facilement, mais les auteurs écriraient moins. Mais dans le cas de figure 2, on arrive à des auteurs bien payés mais peu lus et seulement par une élite. À choisir entre les deux, je préfère (de très loin) être beaucoup lue et guère payée ; c'est pour atteindre le lecteur que je suis passée par la case édition, pas pour la fortune (mais c'est peut-être parce que j'étais bien renseignée sur la question dès le départ).
Dans tous les cas, étant donné les inconvénients de ces deux extrêmes, j'espère tout de même qu'on trouvera un juste milieu un jour et une façon de satisfaire tout le monde*.



*À ce propos, je vais essayer d'avoir l'analyse d'une éditrice professionnelle qui a pas mal d'idées sur la question et qui devrait me répondre quand elle aura un peu plus de temps (celui-ci étant la denrée la plus rare pour les éditeurs)

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 12:54
Alors que cette grande journée de mobilisation sociale prouve, une fois encore, les divisions parmi les syndicats de travailleurs ; alors qu'une présidente de syndicat de la restauration s'enferme dans son bureau pour ne pas être virée par un vote qu'elle considère comme illégitime... l'édition ne pouvait pas manquer sa petite tragédie syndicale. Voici donc que M. Eyrolles quitte la tête du SNE (Syndicat National de l'Édition) après 19 ans de service, provoquant une succession pour le moins problématique.
Je me demande si je suis soulagée ou désespérée de voir qu'aucun échelon du milieu n'est épargné par les guerres de clans. Guerres de clans qui sont sans doute inévitables dans les sphères financières quand des millions sont en jeu. Cela n'en reste pas moins inquiétant. Vous pourriez me demander en quoi cela concerne de jeunes auteurs qui naviguent dans le microcosme de la petite édition, et pourtant... Nous sommes aujourd'hui face à un enjeu majeur dans le monde du livre : l'arrivée du numérique. Ce ne seront pas les petites maisons d'édition qui pourront faire plier le gouvernement pour une taxe à 5,5 appliquée aux livres numériques, ce ne seront pas elles non plus qui pourront lutter contre le potentat de Google...
Je ne suis pas en mesure de juger qui a raison ou qui a tort dans cette affaire, mais ce dont je suis certaine c'est que nombreux doivent être ceux qui se frottent les mains en ce moment même. "Diviser pour mieux régner", dit-on ; quel bonheur quand ceux qu'on affronte se divisent tout seuls sans qu'on ait besoin d'intervenir !
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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 08:06
Une réaction à mon précédent billet m'a donné envie de parler un peu de mon amour pour notre langue. J'ai adoré étudier d'autres langues que le français et j'aime toujours faire des recherches sur les autres langues parce que, au-delà de leur musique, je trouve qu'elles ont chacune un esprit.
La question que je me posais était relative à la traduction, parce que quand on traduit une oeuvre d'un auteur étranger, je trouve parfois difficile d'en garder l'esprit en traduisant tout, justement parce qu'un mot ne peut être réduit à sa traduction. C'est pour la même raison que je trouve très important de préserver les langues. Si nous parlions tous la même langue, nous perdrions une partie de notre identité en perdant certains de nos mots.
Pendant longtemps, j'ai été rebutée par la défense des langues qui m'évoquait la défense du corse sur mon île natale : langue que je ne parlais pas et dont la disparition ne me paraissait pas dramatique. C'est une nouvelle dans une anthologie qui m'a fait repenser à la question (Les graines perdues, par Loïc Henry, merci à lui). J'ai imaginé qu'un jour on décrète que tout le monde devait parler anglais pour faciliter les échanges commerciaux (un monde où l'économie de marché l'emporterait sur la culture, ne me dites pas que ça vous paraît absurde). On infligerait ensuite aux français "archaïques" ce qu'on a infligé aux corses en leur temps : frapper ceux qui parlent la langue, pousser à la délation (anonyme) ceux qui ont vu un camarade parler corse dans la cour de récréation, etc...
Cette affiche qui m'a été montrée par une amie très intéressée par la défense du breton est assez significative là-dessus :

http://adsav.partipolitique.org/fichiers/42/affiche-interdit-parler-breton.jpg
Imaginer qu'un jour mes petits enfants pourraient se moquer autant de mon désir de défendre le français que je me suis moi-même moquée du corse quand j'étais jeune, ça m'a fait un peu froid dans le dos.
On peut penser que le problème n'est pas d'actualité mais quand je vois le peu de générations qu'il a fallu pour que le corse soit au bord de la disparition, je me dis qu'il est bon d'y penser parfois.
Ça ne change pas grand-chose à ce que j'ai dit sur les traductions. Pour ma part, je pense que la meilleure façon de respecter la langue et la culture française est d'essayer de publier au maximum des auteurs francophones qui ont généralement un vocabulaire plus riche, notamment parce qu'ils luttent constamment contre les répétitions, ce qui est beaucoup moins le cas des anglophones (et par voie de conséquence leurs traducteurs). Dans cet ordre d'idée, j'apprécie l'idée qu'un traducteur anglais garde parfois un mot français parce qu'il ne lui trouve pas d'équivalent exact en anglais (je suppose que c'est ainsi que le mot rendez-vous a déteint sur leur langue). C'est de ce respect de la culture des autres et de mon intérêt pour les langues étrangères que mon amour pour ma propre langue se nourrit.
En ce jour d'élections (et alors que la FN est présent au troisième tour dans ma région), je suis contente de rappeler que c'est par l'autre et par sa différence qu'on apprend à forger sa propre identité.
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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 08:52
Avant de me lancer dans la palpitante carrière d'auteur prolifique non-publié, j'ai fait des études d'espagnol. Bien que je sois passée par la fac (plus orientée sur l'enseignement que sur la traduction), j'ai eu l'occasion d'avoir des avis de profs très divergents sur la question de la traduction des noms, et aujourd'hui, je réalise que le débat est également d'actualité sur les forums de littérature de l'Imaginaire.
La question récurrente est : faut-il traduire les noms ? Mais aussi : faut-il traduire les titres ? À l'époque de mes traductions d'espagnol, il s'agissait juste de savoir si dans un texte quelconque, Pedro et Juan devaient devenir Jean et Pierre pour que le lecteur français s'identifie plus facilement ou rester Juan et Pedro pour garder la touche espagnole. La réponse de mes profs variaient de : "traduisez toujours" à "ne traduisez jamais" en passant par "traduisez selon la volonté de l'auteur, s'il a voulu faire un texte intemporel et humaniste ou un texte marqué par son contexte". Ce n'est déjà pas toujours facile de prendre une décision, mais quand on arrive dans le domaine de l'Imaginaire où les noms ont souvent un sens, la question devient encore plus polémique.

Le problème a été évoqué par deux fois sur un forum que je fréquente. Une fois pour la réédition de H2G2 où les noms ont visiblement été remis dans leur version d'origine après avoir été traduits. Une autre fois au sujet du roman Starfish, certains internautes faisant remarquer que ce titre aurait assez mal sonné s'il avait été traduit en "Etoile de mer" et d'autres faisant remarquer (avec une certaine ironie, m'a-t-il semblé) que les anglicismes étaient "trop in, top tendance".
J'ai longtemps trouvé aussi que cette indulgence pour les anglicismes était un peu agaçante. On aime des chansons anglaises aux paroles complètement niaises (cela dit, nos chanteurs yaourts en ont fait quelques-unes en français qui valaient la comparaison), on se laisse tenter par des titres qui, s'ils étaient traduits ne nous auraient jamais accrochés... Peut-être un titre en français fait-il davantage appel à notre intellect, tandis que le titre anglais résonne davantage pour l'oreille et l'impression qu'il dégage. Mais cela vient-il seulement de la compréhension ou non de ce titre ?
Quand on lit un titre en français, on le comprend immédiatement. Un titre en anglais, on commence par l'entendre et après seulement, notre cerveau le traduit (sauf pour les lecteurs vraiment anglophones qui pensent en anglais aussi spontanément qu'en français). Mais je ne suis pas sûre que ce soit la seule raison. Si je reprends l'exemple de Starfish : oui, cela signifie "Etoile de mer" mais en lisant le mot, cela m'évoque aussi Fish comme le verbe pêcher et donc comme une pêche aux étoiles. Ce n'est pas le sens du mot, mais j'avoue que pour un roman SF, l'image est là, pour moi. Serait-ce le cas pour un lecteur anglophone ? Je ne sais pas. Mais l'anglais ne se construit pas de la même façon que le français. Cette façon de construire les mots en accollant des verbes, des terminaisons, des "ful" des "less" permet de retrouver davantage leur racine et de préserver la force de l'image dans certains cas.
Dans une de mes histoires (une des nombreuses qui deviendra très éventuellement un roman) j'avais un personnage dont le nom avait évolué au fil de sa propre mutation. L'histoire se passant aux Etats-Unis, ce personnage portait un pseudonyme en anglais. Du temps où elle était simple chaman de village faisant la danse de la pluie, elle s'appelait Rainmaker. Puis en devenant une magicienne mercenaire, elle était devenue Tearsmaker. Et quand la magie l'avait entraînée sur des chemins très sombres, elle était devenue Bloodmaker. Je n'aurais pas eu envie de l'appeler Faiseuse de pluie, Faiseuse de larmes et Faiseuse de sang. J'aurais pu trouver quelque chose de différent, plus subtile, plus imagé, mais ce n'était pas ce que je cherchais. Le pseudonyme de ce personnage était comme une carte de visite, un message simple et en même temps imagé qui allait bien avec ces mots. Si en tant qu'auteur française, j'avais choisi de donner des noms anglais à ce personnage, je peux d'autant mieux comprendre qu'on respecte les noms donnés par un auteur anglophone.

Pourtant, il faut admettre parfois que l'effet n'est pas le même. Certains jeux de mots par exemple vont nous faire rire spontanément s'ils sont traduits. Dans leur version originale, même si on comprendra ce qui est dit, on ne rira pas. On pourra se dire "Tiens, ce nom est drôle" mais une fois de plus, à moins de penser spontanément dans l'autre langue, le temps (même infime) que l'on mettra à comprendre l'humour aura fait retomber son effet.
Je me souviens ainsi du personnage de Simkin dans le cycle de l'Épée Noire de Weis et Hickman qui présentait toujours ses tenues avec un jeu de mots (je n'ai hélas plus les livres sous la main pour en citer des exemples). Le traducteur les avait traduits à chaque fois sauf le dernier qui était (si je me souviens bien, ça fait tout de même 15 ans) Rust in Dust avec un jeu de mots sur Rest in Peace. Il y avait là une note de bas de pages où la traducteur avouait son impuissance à rendre le jeu de mots. Je dois vous avouer que je ne sais même plus si les autres m'avaient faite rire. Toute la question reste donc là pour moi. Certains noms ou jeux de mots sont intéressants à traduire pour préserver l'humour voulu par l'auteur mais encore faut-il le faire bien. En l'occurrence j'avais apprécié que l'auteur fasse cet effort, mais aussi qu'il avoue son incapacité sur ce passage au lieu de faire une traducion bancale. Le livre, contrairement au film, a cette chance de pouvoir faire appel aux notes de Traduction et c'est une bonne chose.
En parlant de films, voilà un autre élément qui peut conditionner le choix de l'éditeur sur la traduction du nom des personnages. Si les romans ont été adaptés au cinéma avant traduction, il vaudra mieux (commercialement parlant) préserver les noms tels que les lecteurs les ont connus.
Dans tous les cas, l'essentiel pour moi (et là, c'est le travail de l'éditeur je pense) est de garder une certaine ligne de conduite. Quand j'ai lu les romans Shadowrun, la plupart gardait les noms en anglais. Et puis, de temps en temps, un traducteur puriste décidait de tout traduire. Ainsi le personnage de Dodger s'est retrouvé à s'appeler l'Esquiveur ou l'Éviteur (parce que la traduction n'était pas la même selon les livres) ; la Police nommé Lone Star devenait l'Étoile Solitaire ; la milice de sécurité privée Le Chevalier Errant au lieu du Knight Errant ; et même le lieu où se passait l'histoire était passé de UCAS à je ne sais plus quel sigle correspondant au français... J'ai trouvé ce manque de constance vraiment désagréable.
Pour le reste, je n'ai pas d'idée préconçue. Qu'on appelle Bilbo(t) Baggins ou Sacquet, question de choix éditorial. Je n'aurais pas aimé qu'on traduise Ghost rider ou le Punisher, pareil pour les hommes-X qui ne sonne pas au mieux. Pourtant, l'homme-araignée ou Spiderman, je n'ai pas vraiment de préférence, sans doute parce que j'ai déjà entendu les deux. Est-ce que certains traducteurs ont choisi de traduire parce que ce nom-là passait plus ou moins bien à la traduction ? Ou bien accepté-je plus facilement cette traduction parce que j'en ai l'habitude ?
Je n'ai pas assez de recul pour le savoir.
Le fait est que j'admire les gens qui semblent avoir une réponse toute faite sur cette question et détenir la vérité. J'ai dû y réfléchir souvent quand je traduisais des textes depuis l'espagnol et je n'aimerais pas être à la place des éditeurs quand ils font ce choix, tout en sachant qu'ils feront toujours des mécontents.
Une solution : publiez plus d'auteurs français !
(Comment ça, c'est intéressé ? Si peu...)
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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 16:32
Parce qu'à l'origine c'est le nom de ce blog...
Comme je l'ai dit dans un article précédent, la patience est une vertu essentielle chez l'auteur. C'est encore plus vrai quand on est une jeune auteur, ne vous étonnez donc pas que les choses ne bougent pas des masses. J'attends plusieurs réponses pour des Appels à textes dont une seule qui devrait tomber dans le mois qui vient (grosso-modo) et la sortie des livres dans lesquelles je dois paraître. Tout ça suit son bonhomme de chemin et pour patienter, j'écris.
Comme je viens de finir mon troisième roman (le premier en un seul tome), je réfléchis au prochain projet sur lequel je vais me lancer. Il est probable que ce soit un roman de SF. Pour le moment, je termine deux nouvelles supplémentaires et m'approche lentement de la fin de mon premier recueil de nouvelles. Et je voudrais aussi écrire trois nouvelles d'ici le mois de mai pour différents appels à textes et concours. Il faut que je m'y mette, mais j'ai un mal fou à prendre de l'avance sur mes deadline, en ce moment. J'ai pris la très mauvaise habitude d'écrire mes textes dans la semaine qui précède la fin de l'AT... Espérons que j'arriverai à faire mieux cette fois-ci.
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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 10:23
Avec la polémique autour de l'édition de François Brigneau par les éditions La Baleine, la question est surtout de savoir si un petit éditeur engagé peut publier un auteur dont les idées vont à l'encontre de celles qui ont porté la Maison d'Edition jusqu'ici.

J'ai entendu parler de cette affaire hier sur France Info et la question y était posée de façon générale. En un mot, un éditeur peut-il éditer un fasciste s'il trouve que son livre est bon ? Un des journalistes a évoqué les écrits antisémites de Louis Ferdinand Céline, mais il lui a été répondu que ce dernier était d'un talent bien supérieur à Brigneau. Admettons. Mais si les éditeurs avaient refusé d'éditer Céline à l'époque où il a débuté, il n'aurait jamais atteint sa notoriété et d'après un certain nombre d'experts, sa plume aurait manqué à la littérature.
Sans compter que si le fascisme est aujourd'hui décrié, à une époque, c'était plutôt le communisme qui était mal vu. Commencer à rejeter tel ou tel auteur en fonction de ses idées politiques, c'est prendre le risque de la censure : ne pas laisser des idées s'exprimer au moment où la majorité les rejette. Quand il s'agit d'antisémitisme, je ne peux qu'être favorable à la chose. Mais si dans un siècle le socialisme était considéré comme une atteinte à la liberté du marché et qu'on enracinait ça dans nos crânes depuis l'école, je serais ennuyée qu'un auteur ne puisse pas exprimer l'idée contraire (sans être socialiste ; je trouve juste que la pluralité de points de vue est indispensable à une démocratie éclairée).
Je ne tiens pas à rentrer dans le débat politique, mais je tends à penser que la censure est rarement bonne. Quand elle vise des idées populistes et démagos, elle tend à rendre le "censuré" sympathique et à donner à tout ça un arrière-goût de complot national visant à nous cacher "la vérité vraie de notre monde dirigé dans l'ombre par des puissances occultes". J'ai tendance à penser qu'il vaut mieux laisser les cons s'exprimer et leur répondre que de les cantonner dans un coin avec des sympathisants qui n'entendront jamais les arguments pour démentir leurs slogans populistes.

Bref, je m'éloigne. Telle que la question était posée, pour moi, la réponse était : Un éditeur édite un livre et non une personne, il doit donc choisir en fonction de la qualité dudit livre.

Mais avant de faire cet article, j'ai pris un peu de temps pour me renseigner et la question devient toute autre.
J'ai trouvé cet article très intéressant.
Déjà, il n'est plus question des idées de l'auteur, mais des idées exprimées dans ce livre en particulier. Si réellement celui-ci fait preuve d'antisémitisme (je dis "si" parce que je ne l'ai pas lu), je comprendrais le malaise d'auteurs clairement engagés à gauche, de le voir au même catalogue qu'eux. D'autant qu'on ne parle pas d'une grande enseigne qui publie tout et n'importe quoi, mais d'une petite maison d'édition où la proximité entre l'éditeur et ses auteurs est importante.
Je trouve le point de vue de l'écrivain à l'origine de la pétition assez intéressant sur le concept de Maison d'Edition.
Je cite : "Un éditeur n'a pas à se comporter en «patron de droit divin». Une maison d'édition est une entreprise particulière qui repose essentiellement sur la valeur intellectuelle apportée par les auteurs. Il existe une sorte de contrat moral qui tient en ces mots: «maison d'édition». «Maison» y est aussi important qu'«Edition». Et dans ce genre de maison, on est accueilli tout autant qu'on accueille. C'est même à cela qu'on reconnaît la qualité d'un éditeur, à ce respect de la personnalité des auteurs."
La chose paraît assez utopique et pourtant... on se demande s'il n'y aurait pas là une carte à jouer pour les petits éditeurs justement. Leur place sur le marché est réduite, mais s'ils font preuve d'une telle proximité avec leurs auteurs, cela pourrait s'en ressentir sur la qualité de leurs oeuvres (et il en ressortirait une ligne éditoriale claire qui séduirait peut-être le lecteur).
Le deuxième point intéressant est la question du droit de retrait. Je cite :
"En cas de changement de propriétaire, les auteurs sont vendus avec les meubles sans avoir voix au chapitre! Les journalistes, dont l'activité principale est également l'écriture, disposent de la «clause de conscience» qui leur permet de quitter une direction qui rompt de manière dommageable avec une politique éditoriale. Ce qui survient aux éditions Baleine a au moins le mérite de mettre en évidence cette précarité méconnue du statut d'auteur."
Je l'avais déjà entendu et là, j'avoue qu'en tant qu'auteur (même débutante, je n'ai peut-être pas la reconnaissance, voire le talent, mais ça ne m'empêche pas d'avoir certains idéaux), la chose me fait grincer des dents. Le concept "On est vendus avec les meubles" m'a toujours sidérée.

Toutes ces questions mériteraient à mon avis de nombreux débats et je ne tiens pas à faire dix pages qui ne seront peut-être pas lues (je reviendrai peut-être une autre fois sur le droit de retrait qui mérite sans doute un article à part entière). Mais je pense qu'il est important de s'intéresser à ce genre de questions.
Cela dit, il faut se méfier aussi de l'effet Buzz. Les éditions la Baleine ont clairement attiré l'attention avec ce livre. Visiblement bien plus que ce que méritait ses qualités littéraires. En exerçant un droit de retrait qui n'existe pas, les auteurs ont encore accru le phénomène. Que l'éditeur revienne sur sa décision ou non, il est clair que cette maison en aura profité pour se faire un sacré coup de pub.
Est-ce cela l'avenir de l'édition dans le monde du Buzz ?
J'avoue que ça ne me plaît guère.
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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 12:48
Je vous avais annoncé un article là-dessus ?
Eh bien ça ne sera pas pour aujourd'hui. J'ai un mari en vacances et un premier jet à transformer en vrai roman, donc pas le temps pour le moment.
Mais un début de réponse serait peut-être : ça dépend comment il le fait ?
Y a de mauvaises façons de se faire de la pub. Et des bonnes.
Quand l'une d'elles allie l'amusement et le fait de faire découvrir des extraits de textes, je me dis que c'est plutôt sympa. En tout cas, moi, ça me fait sourire. Alors je vous donne le lien au cas où ça vous amuserait aussi :
Ici, le jeu qui blague.

PS
Ne commencez pas à imaginer des accointances ou des arrière-pensées derrière ce billet. Comme d'habitude, quand une chose me paraît sympa, je le dis et c'est tout. Je pense que le joueur qui remportera son exemplaire sera content et que si ça fait un peu parler du livre, c'est tant mieux pour tout le monde. Et puis mettre des extraits en ligne, c'est plutôt honnête comme "pub".
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  • isa
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)

Paru !

http://www.griffedencre.fr/IMG/cache-200x307/PC_200-200x307.jpgMa première novella est enfin parue !

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Les premiers avis ici !

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