Voici une de ces situations qui m'a faite tiquer aujourd'hui.
Je suis dans un chapitre de Fondation, d'Asimov. On y décrit une planète horriblement hostile où la lutte pour la survie est continuelle. Il y fait froid, les cultures sont difficiles... Après des années de commerce avec l'extérieur, cette planète s'est retrouvée isolée (suite à la chute de l'Empire Galactique) puis un jour, une autre planète est venue l'envahir et lui imposer des taxes. La situation a été tendue un temps : les paysans ont tenté de se révolter puis ont caché leurs récoltes et finalement, l'envahisseur a décidé d'abandonner l'exploitation d'une planète trop pauvre pour être enrichissante et s'est lancé dans une forme de commerce dont tout le monde est ressorti pas trop perdant. L'auteur explique alors que même si la planète colonisatrice n'offre pas de produits aussi performants que l'ancien Empire, elle apporte "des machines et de la nourriture qui valent mieux que le produit du cru". Et ensuite vient la phrase qui tue :
"(...)Sans oublier les vêtements pour les femmes. Pouvoir enfin porter autre chose que la grossière toile grise tissée à la maison, voilà qui constituait pour la société féminine rossenite une véritable révolution."
Alors peut-être que la plupart d'entre vous ne goûteront pas le machisme sublime de cette phrase, mais pour ma part, il m'a proprement faite halluciner.
Tout d'abord, à travers les différentes cultures, les femmes n'ont pas toujours été le sexe le plus attaché à la frivolité et à la coquetterie. Il est des cultures dans lesquelles ce sont les hommes qui se paraient le plus et d'autres où la femme n'était qu'un objet voué à prouver la réussite de l'homme, raison pour laquelle on la parait comme on tune une voiture. Ensuite, quand la disette fait rage et que Madame se demande toute la journée avec quoi faire bouillir la marmite, non, elle ne va pas trouver "révolutionnaire" de s'offrir une nouvelle garde-robes. La phrase sous-entend que l'homme se soucie de l'essentiel, la nourriture et les machines pour faire de l'exploitation (et donc survivre) et Bobonne, en bonne frivole qu'elle est, se pame devant les fanfreluches.
On est dans de la SF, là. On parle de mondes complètement différents des nôtres où l'on n'a pas forcément élevé les femmes dès leur plus jeune âge à être des objets décoratifs. Pourquoi seraient-elles les seules, forcément, à se laisser émouvoir par les dentelles ? Si ces vêtements sont plus confortables, ils siéront tout autant aux hommes. S'ils permettent de faire étalage de sa réussite également ; ou bien considère-t-on que la vanité est aussi une caractéristique propre à la femme ?
Allez hop, je m'arrête là parce que sinon, je vais paraître bien plus énervée que je ne le suis. Ce qui ne serait pas difficile puisque je ne suis pas énervée, juste un peu consternée. Je me dis que le sexisme bien visible et assumé des blagues sur les blondes sape sans doute beaucoup moins l'égalité homme/femme que ce genre de petites idées ; ces préjugés tout bêtes qui sourdent jusque dans des romans de SF censés se passer très loin de notre réalité. Faudrait voir à se libérer de quelques préjugés collants, parfois.