Quand l'expression "avoir une peau de bébé" devient une réalité, cela donne ça.
Pour résumer, il y a une grosse polémique actuellement aux États-Unis parce qu'un laboratoire fabrique une crème anti-rides à base de peau récupérée sur des foetus avortés.
Ma première réaction, je vous l'avoue, est un mélange de consernation et d'horreur. Hélas, derrière cette polémique se pose la difficile question de l'avortement. Nombreux sont les gens (comme moi) à être pour le droit à l'avortement, mais contre ce genre de pratique. Mais on en revient alors à demander pourquoi. Et l'argument du sacré, de l'inacceptable selon nos valeurs humaines revient à apporter de l'eau au moulin des détracteurs de l'avortement. Car au final, un foetus est-il un petit humain, oui ou non ? Si non, on peut utliser ses cellules à ce qu'on veut. Si oui, pas d'avortement (meurtre) possible. Et là, quelqu'un qui, comme moi est pour l'autorisation légale de l'avortement, mais en même temps totalement incapable d'imaginer y avoir recours, je me trouve encore le postérieur entre deux tabourets inconfortables.
Si on en croit la société qui commercialise le produit, les fonds gagnés serviraient à développer des pansements pour les grands brûlés. De suite, nous voilà plus embêtés pour nous insurger. Mais tout de même, n'y a-t-il pas quelques tout petits actionnaires qui font des bénéfices dans un coin ? Et d'ailleurs, cette matière première, à qui est-elle achetée et selon quels critères ? Et puis, était-il bien nécessaire de commencer par mettre au point l'anti-rides avant les pansements ?
Sur cette dernière question, je propose un début d'explication : Les pansements doivent être efficaces pour qu'on les utilise dans le milieu médical. Pour ce qui est de la crème, s'il fallait qu'elles soient efficaces pour arriver sur le marché, ça se saurait !
Dans tous les cas, si j'ai porté cette information à votre connaissance c'est juste parce que je trouve qu'il est bon d'y réfléchir et de voir un peu les questions auxuquelles cela peut nous amener. Je ne suis pas sûre du tout que les mères obligées à recourir à l'avortement seraient emballées qu'on utilise des prélèvements de cellules pour faire des cosmétiques. Oui, elles ont signé, mais n'était-ce pas pour la "recherche scientifique" ? Pas sûre qu'elles aient voulu que ça finisse en soin de beauté.
À titre personnel, si je peux essayer de réfléchir aux arguments scientifiques et lutter contre un a priori très violent et instinctif, je ne me vois pas du tout m'étaler ça sur la figure. Et je pense qu'il faut vraiment que l'esthétique ait pris une importance disproportionnée dans notre culture pour qu'on puisse en arriver à vendre ça.